Christophe Rieder 20 sept. 2019 09:00:52

L'effet de l'atout "Swiss Made" reste fort

Economie

Les géants suisses sont bien positionnés sur la place mondiale, mais cette position ne peut être conservée que dans la mesure où ils font preuve de compétitivité qualitative pour pouvoir faire face à une concurrence extérieure moins chère, comme le souligne Martin Neff, chef économiste de Raiffeisen Suisse.

La Suisse occupe souvent la première position dans les classements internationaux et cette compétitivité dont elle fait preuve est due à plusieurs facteurs. En effet il y a l’attrait du site notamment en termes de sécurité juridique et des dispositifs fiscaux avantageux qui sont les principaux atouts. Et comme le signale Martin Neff, le secteur public dispose d’un budget équilibré en plus de l’excellente infrastructure dont est doté le pays et une main-d’œuvre spécialisée et bien formée. Il ne faut pas oublier la technologie exploitée à haut niveau que ce soit en terme d’avancée ou de l’étendue de l’utilisation.

La Suisse met en avant son statut de refuge pour les investissements internationaux. Ces derniers sont rassurés par la grande stabilité du pays qui consolide le franc très fort, mais qui impacte toutefois les exportations helvétiques.

Le tissu économique est constitué à 99% de PME, parmi les plus innovantes dans le monde et dont le dynamisme est profitable aux grandes entreprises dans la mesure où elles constituent d’importants fournisseurs à ces dernières. C’est justement le cas pour l’industrie horlogère et celle des machines.

L’externalisation des processus crée d’importantes synergies. Ainsi une machine ne peut être efficience que si ses composants travaillent avec précision. Il y a un échange intensif de savoir-faire entre les PME et les grandes structures, ce qui se révèle bénéfique pour les deux parties et les rend particulièrement compétitives à l’échelle mondiale.

En résumé, les plus importants groupes suisses sont très compétitifs à l’international, mais il faut relativiser. Auparavant la Suisse disposait des plus importants fabricants de machines du secteur textile dans le monde, or ce n’est plus le cas. Il va de même pour l’industrie des vêtements qui était particulièrement puissante. Même le secteur bancaire où la Suisse dominait, commence à perdre de son éclat.

En revanche, le domaine pharmaceutique et celui de la biotechnologie sont florissants et occupent la position de leader au niveau mondial et il suffit de citer des groupes comme Novartis et Roche pour s’en assurer.

C’est la même chose pour l’agroalimentaire où le groupe Nestlé s’impose sans oublier l’industrie horlogère avec Swatch par exemple qui se positionne en tête à l’international.

De tels succès s’expliquent par leur grande innovation et l’efficacité qui caractérise leurs processus de production. L’industrie horlogère a profité pleinement du transfert du savoir-faire avec les fournisseurs suisses et les PME.

Quant à la politique monétaire menée par la Banque nationale suisse (BNS) et financière du pays, elle s’est révélée très pertinente. En effet, la situation saine des finances et du budget publics, ainsi que l’application de la démocratie directe sont primordiales dans la réussite de l’économie du pays.

La population suisse joue le rôle de contrôleur auprès du gouvernement pour garder la maîtrise des dépenses.

Les dernières années ont été marquées par une politique monétaire expansionniste dans le monde entier, ce qui s’est répercuté négativement sur celle de la Suisse. Il serait temps de mettre fin à cette situation surtout que c’est une thématique particulièrement délicate pour l’Etat helvétique en tant que pays exportateur. Les grandes entreprises assument un rôle important notamment auprès des PME en assurant la couverture de la monnaie.

Jusque-là les pays de l’Union européenne constituent les principaux partenaires de la Suisse, mais cette dépendance devient de moins en moins prononcée. La Confédération a veillé à varier ses partenaires en consolidant sa position sur d’autres marchés notamment en Amérique du Nord, en Chine, en Inde, dans les autres pays asiatiques et même dans les pays du Golfe.

Cette variété a permis de limiter le risque lié à l’Euro. La présence des grandes structures suisses sur les marchés internationaux, qui n’est pas affectée par les mutations politiques, est conditionnée par la compétitivité qualitative de ces entreprises.

Celles-ci doivent miser sur la technologie et le savoir-faire pour préserver leur position de leader et garder une longueur d’avance sur leurs concurrents. Elles doivent faire preuve d’une grande innovation et une maîtrise des nouvelles technologies, vu la difficulté pour les suisses d’être compétitifs en termes de prix. En effet le pays se caractérise par la pratique de prix et de rémunérations élevés.

L’obligation de réussir constitue un avantage en soi, étant donné que les structures helvétiques n’ont d’autres choix que d’innover et d’être plus performantes. C’est la condition pour être en tête. La question qui se pose maintenant est de savoir si les grandes entreprises sont aptes à conserver leur place ou à la développer au niveau mondial au cours de la dizaine voire la vingtaine d’années à venir.

Pour Martin Neff, le système des pays industrialisés, devient saturé et pour le spécialiste, il faut continuer à miser sur la Suisse. Ceci dit, il ne faut pas perdre du regard les changements opérés sur l’économie mondiale à cause de la mondialisation. Dès lors les acteurs économiques suisses doivent confronter de nouveaux concurrents que ceux qui existaient il y a une trentaine d’années. Ce sont des pays comme la Chine et les pays du sud-est asiatique qui arrivent en force grâce justement à leur développement technologique. D’un autre côté l’atout Swissmade est très présent dans ces contrées qui constituent un marché important pour les exportations suisses, notamment pour les montres.

Autrement dit, ce sont les concurrents qui offrent le plus d’opportunités de croissance. Ceci est vrai pour un certain nombre de secteurs comme l’industrie pharmaceutique qui ouvre de grandes potentialités dans des pays comme la Chine et l’Inde où les gens sont de plus en plus préoccupés par leur santé.

Toutefois, ce domaine connaît une forte concurrence des pays qui produisent des médicaments génériques. D’où la nécessité de miser sur la qualité des produits pour préserver une place sur le marché mondial.

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Christophe Rieder

Titulaire d'un Master of Science HES-SO in Business Administration obtenu à HEG-Fribourg et du Diplôme fédéral d'Enseignant de la formation professionnelle, Christophe Rieder est le Fondateur et Directeur de l'institut de formation professionnelle en ligne BetterStudy. Christophe est aussi Maître d'enseignement en gestion d'entreprise à l'Ecole supérieure de commerce. Avant de se réorienter dans le domaine de la formation, Christophe a travaillé 4 ans dans la gestion de fortune à Genève. Pendant son temps libre, Christophe fait de la guitare et joue aux échecs, il aime aussi voyager.