La mémoire est un outil de l’esprit précieux, nécessaire à notre apprentissage, nos relations sociales et la compréhension du monde qui nous entoure. De quelle manière un souvenir est-il créé ? Qu’est-ce qui explique que nous sommes en mesure de retenir ce que nous apprenons ? Les connaissances en neurosciences nous livrent des clés pour comprendre ce qui différencie un apprentissage durable d’un apprentissage éphémère.
La mémoire est un outil permettant à l’individu d’utiliser les événements du passé pour guider ses actions futures. Actuellement, il existe plusieurs classifications de systèmes de mémoire. Cet article se penche principalement sur la classification d’Endel Tulving, psychologue expérimentaliste qui a étendu ses investigations à la neuropsychologie. Ses recherches ont largement contribué à comprendre les processus de mémorisation chez l’individu. Sa classification des systèmes de mémoire englobe la mémoire à court terme et la mémoire à long terme.
La mémoire à court terme
Aujourd’hui souvent appelée “mémoire de travail”, elle permet de faire retenir à notre conscience les informations dont nous avons besoin le temps de réaliser une activité mentale, par exemple pour faire un calcul ou parler à son collègue. Ces informations sont stockées pour une très courte durée : de quelques secondes à quelques minutes.
En 1965, le psychologue américain Georges A. Miller introduit la notion d’empan mnésique : selon les individus et leur capacité de concentration, la capacité de stockage de l’adulte serait de 7 (plus ou moins 2) éléments. En clair, nous sommes généralement en mesure de retenir et restituer sept unités d’informations différentes. Cet éclairage nous aide à comprendre la raison pour laquelle nous retenons un numéro de téléphone beaucoup plus facilement lorsqu’il est regroupé en trois ou quatre nombres plutôt qu’une série de chiffres.
La mémoire de travail joue un rôle fondamental dans l’apprentissage et la compréhension. Souhaiter fournir trop d’informations en début de formation peut être un facteur de démotivation pour l’apprenant et bien inefficace comme le soulignent Nadia Medjad, Philippe Gil et Philippe Lacroix dans leur ouvrage “Neurolearning, les neurosciences au service de la formation” :
“ Le débutant voit sa mémoire de travail saturer avec quelques informations. Il est incapable physiologiquement d’en manipuler davantage à ce stade. C’est la raison pour laquelle fournir trop d’informations au début d’un apprentissage est contre-productif. C’est un peu comme demander à un apprenti jongleur de passer directement de deux à six balles. C’est le moyen le plus sûr de le mettre en échec. (2017, p.106) ”
Il est important d’accompagner l’apprenant à grouper les informations par blocs. L’aide à la construction de “chunks”, c’est-à-dire à relier des informations en fonction de leur sens pour construire des unités de mémoires cohérentes, est capitale. L’objectif étant de s’y référer pour chaque nouvelle information : le nombre d’items par chunks augmentera alors progressivement. Le formateur peut aider l’apprenant à construire des chunks par la recherche d’idées clés et en invitant celui-ci à relier chaque nouvelle notion à ses groupes existants.
Les mémoires à long terme
Le passage de la mémoire à court terme à la mémoire à long terme s’effectue grâce à l’hippocampe, une structure du cerveau chargée de fonctions importantes comme la mémoire et l’apprentissage. La mémoire à long terme représente la phase finale de la mémoire, dans laquelle les informations seront stockées de quelques heures à toute une vie. Il n’existe pas de limite connue à la capacité de stockage de la mémoire à long terme. Plusieurs types de mémoire se distinguent par leur contenu :
- La mémoire perceptive est la mémoire des éléments perçus par les organes de nos sens. Elle permet la reconnaissance des sons, des formes ou encore des goûts. Ces perceptions sont engrangées sans y attribuer de significations.
- La mémoire sémantique représente tout ce que nous savons du monde et de notre personne. C’est la mémoire des connaissances, des concepts, des significations. Grâce à la mémoire sémantique, un individu peut se souvenir de la date d’événements historiques.
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- La mémoire épisodique est la mémoire des événements passés, elle est nécessaire à la construction de notre identité, car elle permet la construction de savoirs autobiographiques : les individus que l’on a connus, les expériences personnelles, les lieux que l’on a visités. Elle permet aux individus de retrouver des événements passés dans leur chronologie et d’être conscients de les avoir vécus.
- La mémoire procédurale englobe les savoir-faire, les habiletés motrices et les procédures. Par exemple, c’est grâce à elle qu’un individu peut savoir nager, conduire une voiture ou encore se brosser les dents.
Les étapes de la mémorisation
Un souvenir est une information qui a été encodée, stockée et qui va être récupérée. La mémoire se définit donc par un processus mental qui repose sur l’encodage de l’information, sa consolidation et son stockage, puis sa récupération. La formation de la mémoire comporte donc trois étapes principales. :
- Lors de l’encodage, l’information est transformée sous une forme qui pourra être entreposée dans la mémoire.
- Le stockage désigne l’entreposage de l’information codée dans la mémoire, ce qui exige des modifications physiologiques préalables dans le cerveau (processus progressif désigné sous le terme de consolidation).
- La récupération, c’est-à-dire l’extraction de l’information stockée dans la mémoire.
Une connaissance stockée n’est pas toujours accessible, ce qui illustre la différence entre la phase de stockage et la récupération de l’information. N’avez-vous jamais eu le sentiment d’avoir un “mot sur le bout de la langue” ? Bien conscient d’avoir stocké l’information, l’accès y est impossible. C’est en multipliant les voies d’accès aux informations qui ont été stockées que l’on permettra d’en faciliter la récupération.
Par exemple, il est pertinent d’offrir la possibilité à l’apprenant de reformuler le contenu proposé en formation de manière personnalisée et créative. Ainsi, il pourra plus aisément établir des liens entre les connaissances acquises et ses propres acquis. Dans cette perspective, il semble important d’amener toute nouvelle information avec son contexte afin d’aider à la construction de sens pour l’apprenant, de solliciter une multitude d’images mentales, d’inciter la formulation de métaphores par l’apprenant et à relier les notions travaillées à ce qui a été discuté précédemment.
Penser à intégrer les indices sensoriels est également bénéfique au processus de mémorisation. D’un point de vue des neurosciences, plus la stimulation des sens est riche, plus les connexions se renforceront entre la mémoire perceptive et la mémoire épisodique. Ainsi, la récupération de l’information en serait plus facile. Ce constat permet de penser les supports de formation proposés en privilégiant le visuel comme complément de discours lors d’une présentation et en évitant à tout prix les diapositives surchargées de texte. Dans le cas de modules d’e-learning, le son peut favoriser l’attention et l’ancrage des apprenants.
Finalement, les émotions jouent un rôle non négligeable dans la consolidation de la mémoire. Les émotions constituent des signaux d’alerte qui ont l’effet de capter notre attention. Les émotions désagréables comme le stress peuvent nuire de façon importante à l’apprentissage. Au contraire, l’utilisation de l’humour, l’introduction de nouveauté dans la forme ou le fond de l’intervention du formateur, prévoir des effets de surprise ou encore présenter des anecdotes permettent de favoriser la mémorisation de l’apprenant.
Si cet article vous a plu, découvrez sans tarder l’article “Comment améliorer sa mémoire” qui vous livrera une sélection de techniques de mémorisation bien utiles à connaître.
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Sources
Nadia Medjad, Philippe Gil et Philippe Lacroix, NeuroLearning: les neurosciences au service de la formation, Eyrolles, 2017.