Christophe Rieder 14 mars 2019 09:00:43

Passer d'entrepreneur à salarié : comment valoriser son profil atypique ?

Formation professionnelle

Certaines personnes tentent l’aventure de se lancer dans l'entrepreneuriat. Mais pour une raison ou une autre, elles décident de réintégrer le salariat. Un tel changement de cap peut paraître inhabituel mais il présente de nombreux atouts à mettre en avant au moment de se lancer en quête d’un emploi. 

En effet le candidat est un décideur et un leader d’équipe, il peut prendre des initiatives et travailler en toute autonomie, en plus de pouvoir porter plusieurs casquettes. La polyvalence du profil, sa créativité, sa prise d’initiative sont autant de points forts à valoriser devant un employeur. 

Mais certains recruteurs peuvent hésiter à embaucher un profil au parcours aussi atypique. Voici ci-après quelques astuces et conseils pour mettre en valeur son expérience d’entrepreneur au service d’une candidature.


Procéder à un diagnostic

Commettre des erreurs est non seulement humain, mais c’est aussi un signe d’innovation et de recherche du nouveau. Pour un entrepreneur qui souhaite reprendre le statut de salarié, il doit procéder à un diagnostic pour lister les raisons derrière l’échec de son entreprise, comme il doit dresser une liste de ses réussites surtout qu’aucune expérience ne peut être considérée comme un échec à 100%. Une telle démarche va l’aider à mieux se comprendre et à connaître les points forts à mettre en avant lors d’un entretien et à justifier en cas de besoin ce changement de cap sans se dévaloriser.  

Il est tout à fait normal qu’un employeur se questionne sur la raison qui a poussé le candidat à arrêter l’entrepreneuriat. Il est possible que l’entrepreneuriat génère beaucoup de stress et de contraintes pour une personne, que ce soit au niveau de la charge de travail, des horaires ou autre. Il est possible que la personne délaisse l’entrepreneuriat car elle est à la recherche d’une sécurité financière, entre autres raisons.

Ce qui importe est de déterminer ce qui motive réellement le choix du salariat, pour mettre en place un discours qui démontre qu’il ne s’agit pas d’une décision hasardeuse.

Habituellement, le retour au statut de salarié est considéré comme le résultat d’un échec et non pas d'un réel choix. Même si l’affaire a été liquidée, il faut savoir valoriser l’expérience en précisant qu’on apprend de ses erreurs passées sans omettre de souligner les réussites, que ce soit des projets réalisés, des obstacles et difficultés dépassés, le développement atteint, entre autres points positifs.


Établir un bilan de compétences

Cette initiative n’est pas anodine, étant donné que le bilan de compétences sert à mieux se connaître et à mieux cibler les offres pour lesquelles il convient de postuler ou pas. Il est possible de demander l’assistance d’un professionnel spécialisé pour dresser ce bilan qui présente de nombreux avantages. 

En effet, il permet d’avoir une vision claire de son parcours et d’avoir un fil conducteur qui peut se révéler utile lors d’un entretien d’embauche. De plus c’est un moyen efficace pour connaître avec précision ses principales compétences et qualités, de même que les motivations profondes du candidat, qui le poussent à changer de cap et à rejoindre le salariat. Le bilan se révèle utile aussi pour se faire une idée sur les positions qui conviennent le mieux au profil du candidat et à ses aspirations.  


Personnaliser le CV et la lettre de motivation

Plusieurs candidats peuvent avoir la tentation de garder la mention « directeur » ou « chef d’entreprise » sur leur CV, sans détailler les compétences, les qualifications et les responsabilités assumées. Ils pensent que c’est la meilleure façon de valoriser leur CV, or ce n’est pas le cas. Car un tel choix peut ne pas servir une candidature car le profil ne s’adapte pas aux besoins de l’entreprise qui recrute. Il serait plus avisé de se focaliser sur les compétences qui correspondent le mieux au poste à pourvoir. 

D’ailleurs Marie Caroline Bénézet, directrice du digital à la SNCF, souligne un point important, à savoir que les employeurs ne cherchent pas la même chose. Un recruteur peut être en quête d’un candidat qui arrive du domaine de l’entrepreneuriat pour contribuer à établir des relations étroites avec les start-ups. Dans ce cas le candidat aura intérêt à mettre en avant son aptitude à actionner ses réseaux et contacts. Par contre si le recruteur recherche une compétence précise, il faut savoir la mettre en avant lors de sa candidature et non pas son expérience dans le cadre de l’entrepreneuriat. 

En ce qui concerne la teneur de la lettre de motivation, elle doit démontrer ce que l’expérience entrepreneuriale a apporté au candidat. De plus elle doit expliquer ce qui le pousse à changer d’orientation ou de parcours. De même qu’elle doit souligner ses compétences et démontrer son désir de s’impliquer dans l’entreprise. Il serait judicieux de placer quelques propositions susceptibles d’être appliquées dans le cadre de la position à pourvoir.


Valoriser les bonnes qualités pour rassurer un employeur

Certains employeurs peuvent ne pas être emballés par des profils d’anciens entrepreneurs, mais l’attrait des compétences et des qualifications développées au cours de leur parcours peut les décider à solliciter leurs services. En effet le candidat sait comment lancer une affaire, gérer un budget limité et s’occuper des différentes tâches administratives, managériales, commerciales, entre autres. Sans omettre le fait qu’il a dû surmonter des difficultés et des obstacles relatifs à la gestion de l’entreprise. De telles qualités se révèlent utiles dans le monde du travail et il faut savoir les mettre en avant pour convaincre un recruteur. 

Ci-après quelques réserves exprimées par l’employeur et les réponses qui peuvent le rassurer :

  • Rester dans une position précise, risque d’être source d’ennui.

Le côté multi-casquettes et touche-à-tout peut être source d’inquiétude pour un recruteur, qui pense que le candidat risquerait de s’ennuyer dans un poste avec des tâches précises ou d’outrepasser les limites de son travail. Le candidat peut présenter ceci comme un avantage en soulignant son esprit curieux et sa force de proposition, comme il peut valoriser son aptitude à penser ou à voir les obstacles et les défis sous un angle différent.  

  • Avoir l’habitude d’être indépendant dans le cadre de l’entrepreneuriat peut mettre à mal son aptitude d’adaptation dans le cadre strict de la structure.

L’indépendance du candidat lui laisse une grande liberté de décision et d’action, il peut se trouver contraint par les horaires et les décisions hiérarchiques. Mais il a la possibilité de contrer cet argument, en soulignant son désir de changer de vie, et en précisant que même en portant le statut d’entrepreneur, il a dû respecter ses engagements et ses contrats. De même que les échéances et les différentes contraintes et limites imposées par les fournisseurs, les clients, les administrations, les banques et autres partenaires.  

  • Se trouver à la tête d’une entreprise peut isoler la personne qui ne saura pas travailler en équipe.

Il est possible que l’employeur avance un tel argument qui souligne qu’en tant qu’ancien entrepreneur, le candidat se trouvait à la tête de la structure et n’a pas eu l’occasion de collaborer avec le reste de son équipe. Dans ce cas, le postulant peut préciser qu’il a toujours travaillé en communion avec ses collaborateurs, ses fournisseurs et même des freelances.  

  • Après avoir été à la tête d’une affaire, il serait difficile d’obéir aux ordres et décision des supérieurs.

Le candidat peut préciser qu’en tant que chef d’entreprise, il était tenu d’interagir avec les autres et de s’adapter aux clients, aux fournisseurs, aux concurrents et à son entourage dans sa globalité avec toutes ses contraintes. 

Dans la vie d’un entrepreneur, il arrive souvent que les choses ne se déroulent pas de façon optimale et il faut faire preuve d’une grande capacité d’adaptation pour gérer les situations qui se présentent. Le candidat peut souligner aussi son désir et sa volonté d’apprendre d’autrui et d’être géré par des supérieurs, mais tout en démontrant son autonomie et sa débrouillardise. 


Les différentes qualités additionnelles à valoriser

  • l’aptitude d’innovation et la prise de risque : à mettre en avant notamment pour les structures qui cherchent des profils innovateurs ; 
  • le relationnel et le réseautage : des qualités qui sont développées au cours de l'entrepreneuriat et qui permettent d’avoir des contacts dans un réseau professionnel ou des associations d’entrepreneurs, susceptibles de servir les intérêts du recruteur ; 
  • la capacité du candidat à gérer et à convaincre : elle peut être un atout pour fédérer un groupe de travail ou pour négocier et convaincre des clients ; 
  • la connaissance d’un domaine ou d’un secteur d’activité ; 
  • l’autonomie du profil et sa débrouillardise : qui lui permettent d’être réactif le cas échéant.

Un changement de parcours peut être difficile, mais les mentalités évoluent et on assiste à l’émergence de nouvelles techniques de management, de même que l’implication des entreprises dans le bien-être professionnel et l’encouragement à l’entrepreneuriat. Des mutations qui marquent l’univers des entreprises, qui s’intéressent de plus en plus aux profils atypiques.


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Christophe Rieder

Titulaire d'un Master of Science HES-SO in Business Administration obtenu à HEG-Fribourg et du Diplôme fédéral d'Enseignant de la formation professionnelle, Christophe Rieder est le Fondateur et Directeur de l'institut de formation professionnelle en ligne BetterStudy. Christophe est aussi Maître d'enseignement en gestion d'entreprise à l'Ecole supérieure de commerce. Avant de se réorienter dans le domaine de la formation, Christophe a travaillé 4 ans dans la gestion de fortune à Genève. Pendant son temps libre, Christophe fait de la guitare et joue aux échecs, il aime aussi voyager.