Dans le domaine de la formation professionnelle, une grande divergence existe entre les grandes entreprises et les plus petites. Les premières considèrent la formation comme un investissement qui va contribuer au développement de leurs affaires, alors que les deuxièmes ne font que se plier à des exigences réglementaires.
En 2012, la France a réservé près de 32 milliards d’euros à la formation professionnelle et à l’apprentissage et ce conformément aux chiffres annoncés par la direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques. Mais pourquoi ?
Certes aucune évaluation de l’efficacité des formations n’a été entreprise, mais les autorités locales veillent à faciliter l’accès à la formation et aux moyens financiers pour les mettre en application, sans prendre le temps de mesurer l’impact des apprentissages sur les parcours professionnels des bénéficiaires, comme le confirme Isabelle Marion-Vernoux, responsable adjointe du département formation et certification au Céreq. D’où la mise en place du système Defis initié par le CNEFP.
En effet le dispositif d’enquête sur les formations et itinéraires des salariés a déjà été mis à l’épreuve suite à l’étude réalisée en 2013 portant sur un échantillon de 4'500 entreprises privées employant plus de 3 salariés. Ces structures représentent les différents secteurs d’activité en dehors de l’agriculture, dans le but de réunir des données sur le contexte dans lequel les salariés sont formés ou non. En 2015, une deuxième étude a été effectuée avec un sondage de 16'000 employés sur une durée de 5 ans.
Les résultats par secteur
Le dernier bref du Céreq qui date de 2016 révèle que 34% des petites structures se focalisent sur les formations réglementaires, au moment où 54% des grandes sociétés ont comme priorité l’accompagnement du changement. L’étude souligne que les structures pour lesquelles les formations obligatoires et réglementaires sont prioritaires mobilisent le moins d’outils et de moyens à la formation.
En 2014, la part des structures ayant un effectif de 10 à 19 personnes et qui ont proposé de l’apprentissage digital à l’un de leurs collaborateurs ne dépasse pas les 16%. Tandis que la proportion des entreprises de plus de 2'000 employés s’élève à 79%. D’un autre côté, 61% des premières ont prévu des cours et stages pour leurs salariés alors que les deuxièmes ont atteint les 97%.
La typologie même de la formation adoptée dépend du secteur d’activité de la structure. La formation en situation de travail est très populaire dans les secteurs relatifs à la production d’équipements électriques, électroniques ou informatiques, ainsi que le domaine de l’énergie et de l’hébergement/restauration. Alors que pour le secteur de la production de denrées alimentaires en plus du commerce, de la réparation d’automobiles, des transports, des activités immobilières et de la finance, la balance penche en faveur des cours et stages.
L’étude incite à l’augmentation du recours à la formation en fonction de la taille de la structure. Cela peut être expliqué par le fait que les grandes sociétés disposent de moyens financiers plus importants que les petites entreprises pour envoyer leurs effectifs en formation. Mais l’argent ne constitue pas l’unique facteur déterminant. L’étude révèle que 34% des sociétés de moins de 50 employés n’ont pas prévu de formation en 2014 justifiant ce choix par le fait qu’elles disposent de qualifications et de compétences suffisantes en interne. Le plus important maintenant est d’évaluer l’impact des formations sur le parcours professionnel des bénéficiaires.