Christophe Rieder 17 janv. 2018 17:07:58

Comment interpréter un certificat de travail?

Ressources Humaines

Le certificat de travail est une pièce maîtresse en Suisse et c’est un des documents les plus importants pour un-e employé-e au cours de sa vie professionnelle. Il faut comprendre que ce document cache souvent des messages qu’il convient de décrypter.

La raison en est que l'employeur n'est pas autorisé du point de vue légal à exprimer des éléments négatifs en ce qui concerne l'attitude ou la prestation d'un employé.

C'est donc parfois un exercice d'équilibriste auquel jouent les entreprises pour signifier aux futurs recruteurs le sentiment qu'ils ont d'un ancien collaborateur, d'où un langage quelque peu "codé".

Il faudra alors lire entre les lignes pour interpréter ce que les anciens employeurs ont voulu communiquer à l'égard de leur collaborateur.

Dès lors, comment décoder un certificat de travail ?

Pour entrer ou évoluer sur le marché du travail en Suisse, le certificat de travail est un must dans une carrière. Mais il se révèle parfois truffé de messages secrets difficiles à décoder. D’ailleurs, une rumeur circule à ce propos et inquiète de plus en plus les salariés, surtout qu’elle a été véhiculée par des blogs qui traite de sujets liés à l’emploi et même par l’union du personnel de la branche des EPF (écoles polytechniques fédérales).

D’après cette rumeur, certaines expressions ou phrases, qui paraissent a priori très positives, renvoient un tout autre message aux recruteurs.

Par exemple, si le certificat souligne qu’un employé possède une culture étendue et dispose de grandes aptitudes d’interlocuteur, il s’agit en fait d’une façon détournée pour annoncer qu’il est bavard et engage de longues discussions en privé, et qu’il possède une grande estime de soi et essaie d’imposer son point de vue sans accepter les critiques.

D’un autre côté, lorsque l’employeur évoque la convivialité du salarié qui détend souvent l’atmosphère générale, il s’agit d’évoquer implicitement son addiction à l’alcool.

Evidemment, la gravité de l’accusation et des sous-entendus concernant un document-clé pour les employés a de quoi inquiéter les employeurs. Heureusement que d’autres personnes présentent des interprétations nuancées et plus rassurantes.

Ces experts rappellent qu’il est exagéré de prétendre qu’il existe un code universel pour rédiger les certificats de travail, et, de ce fait, il n’est guère nécessaire de prévoir un dispositif pour le décodage cryptographique des phrases employées en vue de déchiffrer le sens caché du contenu.

Il faut dire aussi que certains employeurs ne possèdent pas une plume fluide en français et lorsqu’ils rédigent un certificat de travail, ils peuvent penser en toute bonne foi qu’il était bon, alors que d’autres personnes le considèrent, pas très favorable pour l’employé. Il ne faut pas oublier que dans le cas où le document est rédigé dans un style peu clair voire équivoque, il est préjudiciable pour l’employeur. Dans le cas où ce dernier émet un certificat de travail malveillant, il peut risquer des poursuites judiciaires.

Un language nuancé

Les attestations des uns et les interprétations des autres ne peuvent éliminer le fait qu’il existe bel et bien un message codé dans certains certificats de travail. Mais les expressions concernées demeurent assez faciles à décrypter.

Par exemple, lorsque l’employeur utilise une phrase du genre « le salarié quitte l’entreprise d’un commun accord » ou « par décision volontaire », ceci implique que si la démission n’avait pas été remise, le salarié aurait été licencié.

Pour la reformulation des phrases, il est certain que certaines expressions sont plus favorables que d’autres. Dans le cas où l’employeur utilise des adjectifs mais sans les associer à des superlatifs, un tel style indique que le salarié est moyen et à peine valable. Alors que l’emploi de superlatifs comme « pleinement, particulièrement ou entièrement » appuie fortement le profil.

Il en va de même pour l’usage de formule comme « toujours, à tout point de vue et entière satisfaction » qui expriment le contentement et servent mieux le candidat. En effet, de tels termes expriment que les services de l’employé sont quasiment parfaits et qu’il se distingue par son efficience. C’est une façon d’exprimer le contentement de l’employeur et son entière satisfaction de la collaboration.

Pour un employé disposant d’un certificat sans superlatifs, il doit relativiser les choses, car peu de recruteurs accordent une grande importance à chaque terme utilisé dans un certificat de travail. De plus, il est très rare qu’ils s’appuient uniquement sur le certificat pour recruter un profil. D’où l’utilité des entretiens, des tests et des périodes d’essai qui reflètent plus le niveau de compétences et de qualifications d’un candidat. Par contre, ce qui peut être préjudiciable dans un certificat, c’est l’absence d’une qualité ou d’une compétence essentielle pour le poste.

Evaluations défavorables

En principe le certificat de travail est fourni pour aider le candidat dans sa quête d’un nouvel emploi. Du point de vue légal, un salarié peut refuser un document qui lui est préjudiciable et qui peut compromettre ses chances de décrocher un futur poste. Et, de ce fait, il peut rejeter tout certificat comprenant des appréciations codées et demander à ce que des reformulations soient effectuées.

Dans le cas d’un certificat codé, il est fort possible que ce dernier contienne des appréciations défavorables pour l’employé. Une telle situation peut se manifester lorsque le travailleur a fait l’objet d’un avertissement, d’une réaffectation ou d’un licenciement. Donc les éléments figurant sur le certificat sont fondés mais ils sont défavorables.

Généralement, les employeurs formulent le contenu de telle façon à présenter des faits mais de façon bienveillante. Il faut noter que le devoir de vérité n’est pas contradictoire avec la bienveillance et vice-versa. C’est pour cette raison que les employeurs rédigent des appréciations négatives sans trop heurter l’employé. Il faut noter que l’entreprise ne peut pas passer sous silence des faits pouvant engager sa responsabilité juridique.

Par exemple, si un salarié a été impliqué dans des malversations, l’employeur ne peut se permettre de cacher les faits au risque de faire l’objet de poursuites judiciaires. Il peut souligner les faits en formulant des phrases claires, mais pas blessantes.

A titre d’exemple, l’employeur peut mentionner que le salarié a eu un comportement incompatible avec ses responsabilités ou son poste. Ou encore qu’il a eu un comportement non conforme avec la confiance exigée dans les rapports de travail. Il s’agit de parler de faits sans dénigrer ou insulter la personne.

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Source : Le Temps

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Christophe Rieder

Titulaire d'un Master of Science HES-SO in Business Administration obtenu à HEG-Fribourg et du Diplôme fédéral d'Enseignant de la formation professionnelle, Christophe Rieder est le Fondateur et Directeur de l'institut de formation professionnelle en ligne BetterStudy. Christophe est aussi Maître d'enseignement en gestion d'entreprise à l'Ecole supérieure de commerce. Avant de se réorienter dans le domaine de la formation, Christophe a travaillé 4 ans dans la gestion de fortune à Genève. Pendant son temps libre, Christophe fait de la guitare et joue aux échecs, il aime aussi voyager.