Christophe Rieder 19 janv. 2018 15:19:38

Méthode d'Apprentissage : réviser et mémoriser efficacement

Sciences de l'éducation

Les enseignants et les enseignantes sont unanimes. Pour mieux mémoriser leurs leçons, les étudiants-es doivent relire leurs cours le soir même. Or, les étudiants ne savent toujours pas comment procéder pour une relecture efficace qui leur offre la possibilité de mémoriser le contenu plus rapidement et durablement. Ils sont toujours en quête des méthodes et techniques d’apprentissage les plus pertinentes.

Le plus souvent les étudiants-es ont du mal à relire leurs cours le soir venu. Ils n’arrivent parfois pas à se concentrer et se trouvent lassés surtout s’ils passent des heures à répéter leurs leçons sans rien retenir.

Ils ne savent pas toujours comment procéder pour relire leurs cours de façon efficace et pertinente. Il est très courant que l’apprentissage et les exercices les ennuient à mourir et ils n’y trouvent pas grand intérêt. C’est souvent le cas pour les cours traditionnels qui se basent essentiellement ou uniquement sur des cours magistraux (présentation avec un enseignant qui donne des conférences).

Si vous devez faire face à ce genre de cours et si vous avez choisi une formation pour adulte traditionnelle sans vous renseigner sur les méthodes d’enseignement, nous vous donnons quelques clés dans cet article pour vous en sortir malgré la situation.

Du fait d’une unique méthode d’enseignement qui s’avère être la moins efficace, il est d’autant plus important et urgent d’appliquer des méthodes de mémorisation qui seront de toute façon utiles pour toute autre situation de la vie. Le but est d’inciter le cerveau à retenir les informations le plus longtemps au regard de leur valeur et du fait qu’elles méritent d’être apprises et répertoriées dans la mémoire sur le long terme.

Voici 10 méthodes pour faciliter l’apprentissage et la révision :


1.Discuter de l’information avec autrui

En discutant l’information apprise avec autrui, on signale son importance au cerveau. On peut même procéder à une séance questions-réponses pour mieux cerner le sujet dans tous ses aspects.


2.Mettre en place des cartes mémoire

Les cartes mémoire ou flash cards sont des fiches sur lesquelles on a noté une information au recto et une autre donnée qui lui est associée au verso. Il est très courant de mettre une question sur l’une des faces et la réponse sur l’autre ou encore un théorème et sa formule... Les cartes mémoires permettent d’accélérer le processus d’apprentissage et de mettre en place un système d’auto-évaluation des plus efficaces. De plus, le fait de créer ses cartes est positif pour retenir les informations.


3. Se baser sur l’imagerie mentale et les histoires

La technique de l'imagerie mentale se base sur une association d’une expression ou un terme à une image pour mieux le retenir. Il est même possible de monter une histoire issue des mots et expressions à apprendre.

Une telle méthode peut être utilisée en science, géographie, histoire, ou même pour apprendre les tables de multiplication en inventant par exemple des scènes humoristiques. Plus le contexte ou les associations seront inhabituelles ou étranges et plus le cerveau retiendra l’information facilement.


4. Employer des exemples, des tableaux et des schémas

Tout étudiant a intérêt à employer ses propres termes pour mémoriser son cours car cela sera plus aisé pour son cerveau de les retenir. Mais avant d’utiliser ses propres expressions, il faut d’abord comprendre l’information et l’illustrer à l’aide de pictogrammes, de tableaux, de schémas ou même d’exemples.

Certains professeurs essaient d’aider leurs étudiants-es et élèves en présentant leurs cours de telle façon à faciliter la prise de notes grâce notamment au sketchnote. Il s’agit d’un outil pertinent de prise de notes, qui rend l’assimilation d’un concept ou sujet des plus aisées.

Les enseignants emploient aussi à l’occasion les lapbooks qui sont des livrets personnalisables, reprenant des éléments se rapportant à une notion étudiée pour les présenter sous forme de dessins, schémas, récits, images, collages, entre autres. L’idée est de proposer aux étudiants-es des informations synthétiques organisées à travers des post-it, des pochettes, des fiches, des languettes à tirer, etc. De nombreuses couleurs sont employées pour égayer le contenu et le rendre plus attractif tout en marquant les éléments les plus importants.


5.Présenter le cours sous forme de Mind Map

Le processus de lecture ne doit pas être limité à une simple consultation du cours ou une révision hâtive du contenu, il faut veiller à reprendre l’information de façon personnelle pour qu’elle soit plus facile à comprendre et à digérer.

Il est conseillé de recourir au mind map pour choisir les données les plus importantes pour les organiser dans les différents branchages de la carte mentale et les synthétiser en utilisant des termes et des illustrations faciles à retenir et à mémoriser.


6. Utiliser la méthode de l’arrosage

L’apprentissage ressemble beaucoup à l’arrosage d’une pelouse et de ce fait il convient plus de prévoir des séances courtes à intervalles réguliers que des séances longues au contenu condensé. Dans le dernier cas, le cerveau est mobilisé pour un long moment à tel point qu’il ne dispose plus d’énergie pour retenir le contenu.

Selon des études en neuroscience, le cerveau a une durée d’efficacité optimale pour la rétention d’information de 25 minutes. Ainsi, toutes les 25 minutes, il faudrait soit changer d’activité, soit faire une pause.


7.Prévoir une séance d’apprentissage deux ou trois jours plus tard

S’il est très courant que les professeurs insistent sur le fait de réviser les leçons le soir même pour les retenir, certaines études démontrent qu’il est plus efficace de relire le cours deux ou trois jours plus tard en vue d’obliger le cerveau à se rappeler et le garder éveillé et actif. Espacer son temps de révision est constitutif d’un meilleur développement des apprentissages. C’est comme pour apprendre à jouer d’un instrument. Il vaut mieux jouer trois fois 10 minutes de guitare dans la journée, plutôt que de faire une séance de 30 minutes. Dans la même logique, il faut mieux étaler sur plusieurs jours ses révisions.


8.Privilégier l’association des mots à des indices contextuels

L’activation du processus de mémorisation peut prendre différentes formes et l’une d’entre elles est l’usage d’indicateurs contextuels. Il s’agit en fait de la spatialisation, c’est-à-dire l’association mentale de l’information à un espace ou un objet.

Un tel procédé permet de suivre un acheminement ou un ordre particulier pour apprendre un cours, et au moment de la récitation ou la restitution, on visualise mentalement les objets et les lieux associés au dit-cours.


9. Réviser en fonction du temps restant avant le test

Des études ont été menées en vue de définir les intervalles idéaux pour la révision ou l’apprentissage précédant un test ou une évaluation. Il en est sorti que pour un examen prévu à une semaine, il vaut mieux organiser deux séances d’apprentissage ou de révision espacées d’un ou deux jours.


10. Dormir pour stimuler la mémorisation

Le sommeil est très important pour l’être humain, car c’est la période durant laquelle le cerveau traite les données reçues au cours de la journée.

Et les neuroscientifiques affirment qu’après une séance d’apprentissage, il vaut mieux dormir même pour une petite durée car ce sommeil dynamise la mémoire et la généralisation comme il stimule la découverte des régularités. En d’autres termes pour mieux apprendre il faut dormir.

D’un point de vue général, dans la même veine, il est important de se reposer après des séances courtes, mais intenses d’apprentissage. C’est comme pour un sport, il y a une phase de repos qui est importante pour améliorer à moyen et long terme la performance sportive.

Il en va de même lorsque vous apprenez quelque chose, que cela soit dans une formation en comptabilité, une formation en marketing, ou en gestion de projet ou encore tout autre chose.

Enfin, une bonne nuit de sommeil avant votre prochain examen est capital pour arriver au top de sa forme à l'évaluation.

La théorie du socio-constructivisme, issue des recherches de la psychologie sociale du développement cognitif, souligne que l’être humain construit sa connaissance. Ce premier principe peut sembler d’une certaine évidence, mais il met en avant que tout apprentissage d’un individu passe par une activité mentale de réorganisation du système de pensée et de ses connaissances.


Recherches sur le conflit socio-cognitif, l'approche de Piaget et Vygotsky

Le courant socio-constructiviste est inspiré de l’approche de Piaget et de sa conception du conflit cognitif. Pour le chercheur, l’enfant rencontre des conflits entre ce qu’il sait et ce qu’il voit, ce qui donne lieu à la construction de connaissances:

“L’entrée en conflit d'une structure cognitive donnée avec une information incompatible et la perturbation cognitive qui en résulte vont engager le sujet dans la recherche d'un nouvel équilibre, recherche qui le conduira, le cas échéant, à l'élaboration d'une structure nouvelle, compatible avec l'information perturbante" (Bourgeois et Nizet, 1999)

La théorie socio-constructiviste postule que pour que cette construction ait lieu, les interactions sociales jouent un rôle primordial. Cette théorie remet en cause les modèles pédagogiques se focalisant sur les mécanismes individuels et met en relief les dimensions sociales dans la formation de compétences. L’accommodation de la structure de connaissances initiale aura plus de chance de se produire dans le cas de situations d’interactions sociales.

L’éminent pédagogue psychologue russe Lev Vygotsky, fondateur de l’approche culturelle-historique est reconnu pour avoir mis en exergue l’importance des interactions sociales dans le développement de connaissances chez l’enfant. En 1932 il écrit :

C’est par l’intermédiaire des autres, par l’intermédiaire de l’adulte que l’enfant s’engage dans ses activités. Absolument tout dans le comportement de l’enfant est fondu, enraciné dans le social.”

Dans cette perspective, la culture joue un rôle capital, elle apporte aux individus des instruments qui façonnent leur vision du monde.

Selon lui, le développement de l’enfant part du social pour aller vers l’individuel. Dans le prolongement de cette idée, il développe la notion de zone proximale de développement. Sa théorie inspire ainsi largement le socio-constructivisme.


Qu’est-ce qu’est un conflit socio cognitif ?

Prenons un exemple simple. Imaginons un individu nommé Adrien qui soutient fermement que la prise de note à l’ordinateur est l’unique méthode efficace. En parlant avec son collègue, Charles, ce deuxième lui expose des arguments sur l’efficacité de la prise de notes à la main, notamment en lui montrant des recherches qui ont été menées à ce sujet. Au fil de la conversation, les deux acteurs vont développer leur argumentation et mettre en discussion leurs représentations.

Cette situation représente un conflit cognitif entre la structure cognitive d’Adrien et une information perturbante : le point de vue amené par Charles. La notion de conflit socio-cognitif provient des travaux des chercheurs piagétiens Doise et Mugny notamment qui s’appuient sur les travaux de Piaget et Vygotski. Selon leur définition du conflit socio-cognitif, c’est la confrontation entre des avis divergents qui est constructive dans l’interaction sociale.

Dans les années 70, des chercheurs européens mettent en situation expérimentale de co-résolution de tâche opératoire deux enfants. Les résultats de cette expérience sont intéressants : c’est lorsque les deux enfants sont en désaccord que les progrès individuels sont les plus notables. Pour expliquer ces phénomènes observés, le concept de conflit cognitif sera affiné.

Dans un groupe, un apprenant rencontre des points de vue qui diffèrent du sien, ce qui crée un premier déséquilibre. En effet, l’apprenant réalise qu’il possède une pensée propre des autres. Sous certaines conditions, il devra alors tenir compte du fait que d’autres positions sont possibles, ce qui est communément nommé la décentration cognitive.

La résolution cognitive du conflit désigne le moment où l’apprenant va réaliser un effort d’élaboration cognitive afin de tenir compte des deux points de vue créant une situation de déséquilibre entre “une position propre momentanément interrogée et la proposition/ l’opposition d’autrui, dont on ne sait si elle est acceptable”. (Zittoun, 1997). La résolution prend place lorsque les deux points de vue seront examinés, qu’ils seront remis en question, à la recherche de la validité de l'une et/ou de l'autre.

Ainsi, une solution est produite par ce complexe processus cognitif. Cette solution est souvent plus adaptée à la situation que la proposition antérieure des enfants.  La solution est le fruit d’une restructuration cognitive, principal bénéfice du conflit. Si l’individu est capable de réactualiser cette compétence cognitive nouvelle dans d’autres situations, il s’agit d’un réel progrès cognitif.


Comment favoriser l’émergence d’un conflit socio-cognitif ?

Alors que parfois les formes scolaires privilégient une conception individualiste de l’apprentissage, le développement de compétences à travailler en équipe dans des environnements complexes est nécessaire.

L’apport de ces théories est de souligner que l’individu est plus susceptible de résoudre une tâche d’apprentissage lorsqu’il interagit socialement avec autrui à son propos que lorsqu’il est seul face à elle. Évidemment, il serait illusoire de penser que toute interaction entre deux individus donne forcément lieu à un conflit socio-cognitif.

La prise en compte de ce concept dans une approche pédagogique nécessite de considérer que le rôle du formateur est de créer des conditions pour que les apprenants apprennent ensemble et de favoriser l’émergence de ce conflit.

La création d’un climat socio-affectif propice à l’apprentissage participe à l’émergence d’un conflit socio-cognitif. Ce climat socio-affectif est favorable lorsqu’un sentiment de sécurité psychologique est présent chez les apprenants: une erreur, une demande d’aide et de feedback est possible sans crainte de jugement des pairs. L’efficacité des interactions dépend de certaines attitudes relationnelles et communicationnelles de la part des participants: empathie, bienveillance, capacité à écouter, tolérance au conflit et au désaccord. Ces attitudes ne sont pas innées et peuvent être développées.

Finalement, la situation de formation est très importante. La régulation de la dynamique socio-affective, la formulation de consignes destinées au groupe, le type de dispositif pédagogique peuvent fortement influencer le climat général.

Il est important de bien penser la composition des groupes et du degré de symétrie entre les membres composant ceux-ci. Des différences de statut au sein d’un groupe peuvent avoir un effet détrimentaire sur les apprentissages. Dans le prolongement de cette idée, une trop grande symétrie n’est pas idéale, car elle risque de produire des effets de complaisance. Des groupes à hétérogénéité restreinte sont favorables pour les apprenants. Il ne faut pas hésiter à favoriser la confrontation des points de vue divergents entre participants dans des activités de débats ou de résolution de problèmes.

essai-gratuit


Sources

Bourgeois, Nizet, 1999, Apprentissage et formation des adultes, Paris: Presses universitaires de France.

Vygotski, Sobranie socinenii (oeuvres complètes), Moscou : Pedagogika

Zittoun, 1997, Note sur la notion de conflit socio-cognitif, Cahiers de psychologie et d’éducation.

Développez vos compétences en comptabilité et en fiscalité

BetterStudy vous accompagne dans votre reconversion ou spécialisation professionnelle

Découvrir les formations en Comptabilité
avatar

Christophe Rieder

Titulaire d'un Master of Science HES-SO in Business Administration obtenu à HEG-Fribourg et du Diplôme fédéral d'Enseignant de la formation professionnelle, Christophe Rieder est le Fondateur et Directeur de l'institut de formation professionnelle en ligne BetterStudy. Christophe est aussi Maître d'enseignement en gestion d'entreprise à l'Ecole supérieure de commerce. Avant de se réorienter dans le domaine de la formation, Christophe a travaillé 4 ans dans la gestion de fortune à Genève. Pendant son temps libre, Christophe fait de la guitare et joue aux échecs, il aime aussi voyager.