Lorsque vous êtes confronté à un défi, quelle est votre première réaction ? Pensez-vous être en mesure de le relever ou, à l’inverse, baissez-vous rapidement les bras ? Plus généralement, à quel point êtes-vous capables de vous adapter à ce que l’avenir vous réserve ? Le sentiment d’efficacité personnelle - ou la croyance que vous avez en vos capacités à affronter diverses situations - joue un rôle important dans la perception que vous avez de vous-même et dans l’atteinte des objectifs que vous vous fixez.
Appliqué dans de nombreux champs, ce concept est central pour appréhender la motivation en formation. La recherche en sciences de l’éducation démontre que les croyances de l’apprenant en ses capacités à réussir jouent un rôle crucial dans son engagement dans la tâche et ses performances. Dès lors, comment impliquer les adultes dans leur formation ? Comment développer une capacité à se former en toute autonomie et favoriser un esprit d’entreprendre chez l’adulte ? Tout l’enjeu de la formation est alors de créer des conditions idéales pour qu’émerge une confiance de l’apprenant en ses capacités à réussir ce qu’il entreprendra.
Qu’est-ce qu’est le sentiment d’efficacité personnelle ?
Parfois méconnu des formateurs d’adultes, le concept de sentiment d’efficacité personnelle est issu des travaux entrepris dès les années 80 par l’influent chercheur en psychologie canadien Albert Bandura dans le cadre de la théorie sociocognitive.
La compétence d’autoréflexion sur son propre fonctionnement et son efficacité est un aspect central de cette théorie. Le sentiment d’efficacité personnel est décrit comme la perception qu’un individu a de ses capacités à mettre en œuvre les activités nécessaires à la réalisation d’une tâche donnée. En d’autres termes, la croyance qu’a un individu quant à sa capacité de réaliser une tâche ou encore d’affronter une certaine situation. Comme son nom l’indique, il s’agit bien d’une croyance et non d’un niveau de performance réel.
Ce sentiment varie selon les domaines : un adulte peut estimer qu’il possède de bonnes compétences en communication email, mais être convaincu d’être médiocre en présentations orales. Bien heureusement, ce sentiment n’est pas figé dans la pierre, il peut évoluer.
Quel rôle joue le sentiment d’efficacité personnelle ?
La croyance des individus en leur efficacité n’est pas sans conséquence, puisqu’on admet qu’il est au fondement de la motivation, du bien-être et des accomplissements de l’adulte. Ce sentiment influence le niveau de persévérance face aux difficultés qui se présentent, la quantité d’énergie investie dans l’effort ou encore les réactions émotionnelles, en particulier celles liées au stress et à l’anxiété.
Plus un individu aura un sentiment d’efficacité personnel élevé, plus son engagement dans la tâche et sa persévérance face aux difficultés sera important. Dans le cas d’un faible sentiment d’efficacité personnelle, l’adulte rencontrera des difficultés à se motiver. Il formulera des aspirations réduites et une faible implication par rapport aux objectifs poursuivis. Ainsi, des individus aux aptitudes identiques peuvent obtenir des performances bien différentes selon leurs croyances d’efficacité personnelle.
Il est donc intéressant de constater qu’en formation, ce sentiment est un facteur de performance dans les apprentissages. Ces croyances relatives aux capacités personnelles sont également des facteurs influents du parcours professionnel et de l’évolution des carrières.
Quelles sont les sources de ce sentiment ?
1. Les expériences passées
Les croyances d’auto-efficacité ne surviennent pas à l’improviste. Les performances scolaires antérieures des adultes, le parcours de formation et l’histoire scolaire vont avoir une influence non négligeable sur celles-ci. Une étude sur les conséquences du redoublement scolaire (Crahay, 1996) soulève que ce dernier a un impact durable et important sur la compétence perçue des élèves. Dans la même logique, les succès peuvent participer à la construction d’une solide croyance d’efficacité personnelle.
Toutefois, les difficultés et échecs ne sont pas toujours détrimentaires. Au contraire, les difficultés que rencontrent les individus peuvent être bénéfiques, car elles enseignent que le succès requiert un effort soutenu. Elles sont des occasions d’apprendre comment l’échec peut être transformé en succès en améliorant ses capacités à contrôler les événements. Il est alors possible de rebondir face aux difficultés et de persévérer face à l’adversité.
2. Les expériences vicariantes
L’observation de la réussite ou de l’échec d’une autre personne dans une tâche est une source d’influence du sentiment d’efficacité, notamment si l’individu peut facilement s’identifier à l’autre : « S’il en est capable, moi aussi ! ».
L’individu compare ses performances à celles d’autrui, ce qui influence alors son sentiment d’efficacité personnelle. Cette comparaison sociale n’est pas sans risques. Par exemple, lorsqu’un apprenant est conscient d’avoir les moins bons résultats dans son groupe ou sa classe, il risque de développer un sentiment d’efficacité plus faible. Ces constats incitent à réfléchir aux pratiques de formation et aux moyens de réduire cette comparaison sociale entre apprenants.
3. La persuasion verbale
Les messages adressés aux apprenants sont très importants. Les individus sont sensibles à la manière dont leur entourage proche, leurs pairs ou encore leurs formateurs perçoivent leurs compétences . Il sera plus aisé pour un apprenant de croire en lui-même lorsqu’il est confronté à des difficultés si des proches expriment leur confiance en ses capacités. Cette information persuasive d’efficacité est souvent donnée par le feed-back évaluatif. Ce dernier informe l’apprenant sur l’état de ses performances, mais pas seulement. Le feed-back qui mesure la performance individuelle par rapport à d’autres mesures de compétences individuelles entraînera plus d’espoir pour la performance future dans le cas d’un échec.
4. Les états physiologiques et émotionnels
Pour Bandura, lorsque l’individu évalue ses capacités, il se base en partie sur l’information transmise par son état physiologique et émotionnel. Le stress en situation d’examen, se traduisant par des mains moites et la gorge serrée, peut être interprété comme un signe d’un manque de compétences et participer à une baisse du sentiment d’efficacité personnelle.
Quelles implications pratiques ?
Bien qu’il n’y ait pas de recette magique pour accroître le sentiment d’efficacité personnelle chez les apprenants, certaines pistes en termes de pratiques de formation peuvent être explorées.
Premièrement, le formateur doit veiller à communiquer à ses apprenants une vision de la compétence comme une capacité qui se construit progressivement, à travers le travail et l’étude. Cette capacité est le fruit d’une régulation des ressources et des contraintes. Le formateur peut alors communiquer des attentes élevées vis-à-vis du progrès de l’apprenant.
Deuxièmement, les résultats des recherches dans ce domaine invitent le formateur à proposer des objectifs clairs et à échéances plutôt proches pour guider les apprentissages des apprenants. Des objectifs formulés en termes de compréhension et de développement de compétences semblent être plus efficaces que des objectifs de performance à atteindre.
Aménager des conditions qui permettent de mettre en évidence les capacités des apprenants ainsi qu’une structuration des tâches qui invite à une maîtrise progressive de certaines compétences peut améliorer ce sentiment. Il est judicieux d’éviter de présenter les tâches dans un contexte de comparaison interpersonnelle. Ainsi, l’apprenant pourra se focaliser sur les progrès accomplis plutôt que de s’évaluer par rapport aux autres.
Finalement, quant à l’évaluation, il est pertinent de faire varier les types d’activités d’évaluation ainsi que le regroupement des apprenants. Un feed-back précis comportant des commentaires sur les points forts et les points faibles ainsi que des suggestions sur les moyens d’améliorer la maîtrise semblent être plus efficaces qu’un simple score ou une notation.
Formation digitale et sentiment d’efficacité personnelle
La formation en ligne peut, sous certaines conditions, favoriser le sentiment d’efficacité personnelle de l’apprenant. Ce sentiment de compétences peut être renforcé lorsqu’il a la possibilité de bâtir un parcours d’apprentissage calibré qui favorise une pédagogie de la réussite. L’autonomie que permet la formation en ligne joue un rôle important sur la motivation : l’adulte est aux « commandes » de sa formation et de son évolution. De plus, la formation en ligne offre des possibilités de feed-back constructifs sous forme de tutorat.
L'institut de formation BetterStudy propose un cours de comptabilité en ligne avec un accompagnement à distance de formateurs confirmés. De plus, BetterStudy organise des sessions de révisions en présentiel optionnelles au moins une fois par mois. Ainsi, les apprenants-es ont non seulement l'autonomie d'avancer dans leur programme de formation à leur rythme, mais ils peuvent aussi, quand ils en ressentent le besoin, faire appel à des formateurs à distance ou dans une classe et bénéficier des interactions d'un groupe d'apprentissage.
Le design des formations comptables de BetterStudy a été conçu pour offrir une large autonomie aux apprenants-es tout en donnant un parcours de formation clair avec des objectifs de développement de compétences précis. Cela répond à un besoin de flexibilité en phase avec leurs responsabilités familiales et professionnelles, mais aussi à des enjeux pédagogiques comme présenté dans cet article.
Pour ce faire, BetterStudy a développé sa propre plateforme d'apprentissage en ligne . L'objectif est d'intégrer au mieux les éléments qui stimulent la motivation auprès de son public, à savoir des adultes en formation, et ce sur les bases des dernières études en sciences de l'éducation.
Sources
Albert Bandura, Auto-efficacité : le sentiment d’efficacité personnel , De Boeck, 2007
Jacky Beillerot (sous la direction de), De l’apprentissage social au sentiment d’efficacité personnelle : autour de l’œuvre d’Albert Bandura, Savoirs, 2004
Philippe Carré et Fabien Fenouillet (sous la direction de), Traité de psychologie de la motivation , Dunod, 2008