Voici comment les pays européens sont préparés à l’expansion de l’apprentissage en ligne (recherche réalisée par Preply).
L’apprentissage en ligne est devenu une réalité pour de nombreux élèves pendant la période de pandémie de cette année 2020. Mais tous les pays d’Europe étaient-ils prêts à se lancer pleinement dans l’e-learning ?
Quels progrès sont aujourd’hui encore nécessaires et doivent être menés par les pays concernés, et quelle analyse porter sur l’accès à l’e-learning de manière globale ?
On vous livre les résultats du rapport de Preply sur l’e-learning.
En tant que spécialiste de l’enseignement en ligne, la plateforme qui propose des cours de langue en ligne à des élèves du monde entier s’est lancée dans l’analyse des données de l’enseignement en ligne, permettant d’établir un classement qui devrait vous intéresser.
Petit aperçu des résultats de cette étude, et décryptage des points à améliorer pour les pays concernés.
L'importance de l'e-learning aujourd'hui et demain
L’importance de l’apprentissage en ligne n’est aujourd’hui plus à prouver. Alors que certains pouvaient être encore sceptiques il y a de cela quelques années, voir même quelques mois, la crise sanitaire causée par la pandémie du coronavirus nous a tous mis devant le fait accompli.
En fermés chez nous, les écoles, collèges, lycées et universités fermés, seule la solution de l’e-learning, ou apprentissage en ligne, restait.
Ce passage en force fût pour autant plus simple pour certains que pour d’autres, et d’importants progrès restent encore à faire pour que l’apprentissage en ligne puisse être accessible à tous les élèves.
C’est tout du moins une certitude aujourd’hui, il s’agit d’une méthode d'apprentissage qui a de l’avenir plus que jamais, et il est important d’investir les ressources adéquates de ce côté.
Pour l'égalité des étudiants face à l'enseignement
Pour que chacun puisse bénéficier d’une éducation de qualité, l’apprentissage en ligne doit être possible pour tous. Cette nouvelle forme d’apprentissage est une nouvelle fois responsable d’inégalités entre les foyers, raison pour laquelle les pays doivent faire leur maximum pour offrir un accès à ces sources d’apprentissage en ligne à tous les étudiants concernés.
On imagine souvent qu’internet permet à tous d’accéder aux ressources qu’il désire. C’est vrai, il suffit de se connecter sur notre ordinateur ou sur notre téléphone portable, pour bénéficier d’une liste de savoirs infinis. Mais tout le monde peut-il réellement en profiter ?
L’accès à internet, et aux ressources de l’enseignement en ligne, est-il aussi simple que ce que l’on imagine ? L’étude de Preply décrypte justement les critères qu’il faut prendre en compte pour un accès aux ressources en ligne possible pour tous.
A ce sujet, le PDG de Preply, Kirill Bigaï, partage notre point de vue :
“Nous sommes convaincus que l’enseignement en ligne peut grandement améliorer les opportunités d’enseignement à travers le monde. La pandémie du coronavirus a démontré que les opportunités d’enseignement en ligne sont toujours distribuées de manière inégale, mais que les opportunités de commencer à investir dans les infrastructures numériques nécessaires pour un passage à l’enseignement en ligne sont nombreuses. Cette étude vise à révéler dans quelle mesure les étudiants à travers le monde ont accès aux outils et ressources numériques adéquats.”
Quelques informations concernant l'étude réalisée
L’analyse menée par Preply concerne les Etats-membres de l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE), exceptés certains Etats, dont la Colombie, la Corée, l’Islande, la Lituanie, la Lettonie, la Slovénie et Israël, ne disposant pas d’assez d’informations pouvant être analysées dans le cadre de l’étude. Les données analysées ont été récupérées le 15 juillet 2020.
Pour réaliser le classement du meilleur accès à l'enseignement en ligne par pays, la plateforme en ligne a pris en compte une variété de critères, permettant de quantifier l’accessibilité de l’enseignement en ligne, l’accessibilité d’internet, et enfin le climat de l’enseignement en ligne.
On retrouve pris en compte dans ce classement le pourcentage de personnes bénéficiant d’un accès privé à un ordinateur, le débit moyen de téléchargement de données mobiles dans les pays, les coûts de connexion à internet, ou encore les dépenses accordées à l’éducation en pourcentage.
Compte rendu du classement : les bons élèves
En tête du classement, les pays les mieux notés ne sont autres que la Norvège, le Danemark, la Suisse, le Luxembourg et les Pays-Bas, qui arrivent en cinquième place. En Norvège, l’accès à un ordinateur privé est possible pour 94,9% des élèves, et le salaire moyen d’un tuteur s’élève à 22,52€. Au Danemark, les dépenses allouées à l’éducation représentent 43,1% du PIB. Des exemples aujourd’hui, même si certains points pris en compte dans le classement peuvent encore être améliorés !
Parmi ces bons élèves, ceux qui investissent le plus dans l’éducation tertiaire sont la Suède (43,2%), le Danemark (43,1%), et le Luxembourg (42,8%). Ces investissements sont la clé pour l’enseignement de demain, et ils sont le signe de gouvernements enclins à tourner leur système d’éducation vers les ressources du numérique.
Le cas de la France
La France dans ce classement tient la 14ème place, ce qui la place en dernière liste de la moitié haute du classement. De nombreux efforts doivent donc être mis en place pour que l’enseignement en ligne soit accessible à un plus grand nombre d’élèves français !
Les chiffres obtenus sont un score total de 57,3 sur 100, dont 127 cours à distance disponibles pour les élèves du pays. Juste avant la France, on retrouve l'Allemagne, les Etats-Unis et le Canada. Au contraire, elle dépasse de quelques points les scores obtenus par la Hongrie, le Royaume-Uni et la Belgique.
Les français et le gouvernement feront-ils leur possible pour que la France remonte dans le classement des pays européens les mieux notés par l’étude de Preply ?
Malgré sa place dans le classement, il est important de noter les structures numériques exceptionnelles mises en place par la France au moment de la pandémie. Le CNED, plus particulièrement, a fait son possible pour que les élèves du pays puissent suivre des cours donnés en ligne tout au long du confinement, ce qui concerne au total six millions d’élèves et d’étudiants.
Ce dispositif hors du commun a permit de maintenir l’apprentissage pour la plupart, et les professeurs ont eux aussi pu bénéficier d’une formation à distance pour les aider à se familiariser avec l’apprentissage en ligne. Ce cas exceptionnel pourrait-il permettre une avancée concernant l’accessibilité de l’apprentissage en ligne en France ?
Là où l'apprentissage en ligne n'est pas accessible pour tous
Pour certains pays, les points sur lesquels des progrès restent à faire sont encore plus nombreux. C’est le cas du bas de la liste, qui comprend le Mexique en 30ème place, juste devant la Turquie, la Grèce, le Chili et le Portugal.
Pour la Turquie ou le Portugal, c’est le nombre de cours en ligne disponibles qui doit être amélioré. Pour le Mexique, des efforts pour la mise à disposition d’ordinateurs doivent être fournis.
Les notes obtenues décryptées
Pour comprendre les notes obtenues par les pays concernés par cette étude, il est important de revenir plus en détail sur les critères sélectionnés par Preply. Ils nous permettent d’analyser quels progrès peuvent encore être réalisés, et nous aident à comprendre ce qu’un accès à l’apprentissage en ligne pour tous comprend.
Voici comment est réalisé le classement de Preply :
Accessibilité de l'enseignement en ligne
La question d’accessibilité à l’enseignement se rapporte à la mise à la possession d’un ordinateur, le nombre de cours en ligne disponibles, ainsi que les dépenses réalisées dans l'éducation.
L’utilisation d’un ordinateur personnel permet un accès plus rapide aux plateformes d’apprentissage en ligne, et en plus grande autonomie. Les pays du haut du classement disposent donc d’un plus grand nombre d’ordinateurs par foyer, facilitant l’accessibilité de l’enseignement numérique. Mieux encore, les pays dans lesquels chaque étudiant d’un foyer bénéficie de l’utilisation d’un ordinateur personnel sont valorisés.
Ce point reste à améliorer chez certains, et des efforts sont à mettre en place au niveau des Etats pour permettre à chaque élève d’obtenir un ordinateur à sa disposition. En France, la CAF offre des aides de rentrée, qui concernent notamment les besoins numériques et l’achat d’équipement informatique. Pour autant, ces aides restent faibles, voir inexistantes dans certaines régions, qui se contentent d’augmenter le nombre d’ordinateurs disponibles dans les écoles, et non dans les foyers des élèves.
Le nombre de cours en ligne disponibles, et la part du PIB accordée à l’enseignement montrent également l’implication des Etats dans l’enseignement en ligne. Plus la gamme de programmes disponibles en ligne est variée, plus les élèves pourront profiter de l’enseignement numérique. Et plus la part du PIB est haute, plus le pays est en mesure de proposer à ses étudiants des méthodes d’enseignement modernes.
Pour exemple, l’accès aux ordinateurs concerne 97,6% de la population aux Pays-Bas (taux le plus haut), contre seulement 44,3% au Mexique (le plus bas). Bien qu’étant en 12ème rang, les Etats-Unis obtiennent quant à eux un taux qui ne dépasse pas les 72%.
Accessibilité à Internet
Cela peut paraître être moins important que le fait d’avoir un ordinateur personnel à sa disposition… Pour autant, comment accéder à des cours en ligne, si l’étudiant ne dispose pas d’un accès à internet ? Il est donc tout à fait justifié que ce critère apparaisse dans l’analyse de Preply.
Le débit de l’internet permet un accès rapide aux dernières données mises en ligne. Le débit de l’internet mobile permet quant à lui aux étudiants de recevoir l’apprentissage à tout moment, qu’importe où ils se trouvent. Ces points permettent aussi de mettre en lumière les Etats qui disposent des meilleurs moyens techniques permettant de mettre en place et de proposer l’enseignement en ligne.
Les coûts de l’accès à internet dénotent aussi de la possibilité d’accès aux ressources en ligne. Plus ils sont faibles, plus le nombre de personnes bénéficiant d’un accès à internet dans le pays sera important.
Pour exemple, le coût moyen d’une connexion à internet en haut débit est le plus bas en Turquie, suivie par le Canada. A l’inverse, ce coût apparaît comme étant le plus important en Nouvelle-Zélande.
Climat de l'enseignement en ligne
Enfin, le climat de l’enseignement en ligne a lui aussi son importance. Tout d’abord, un grand nombre des cours en ligne sont rendus possibles grâce aux professeurs particuliers. Pour autant, plus le salaire de ces tuteurs est bas, moins ils seront nombreux à proposer leurs services sur internet, c’est pourquoi cette donnée est à prendre en compte.
En gardant cela en tête, des tarifs trop élevés peuvent également nuire à la possibilité d’apprentissage en ligne pour les élèves. L’offre et la demande sont donc pris en compte.
Concernant le volume du marché, il est à noter que plus ce chiffre est important, plus les ressources disponibles sont de qualité pour les étudiants. Un marché en hausse indiquera de son côté une demande croissante concernant l’enseignement numérique. A cette demande, les moyens mis en place devront suivre pour autant !
Pour exemple, dans le classement fourni, l’Etat qui dispose de la plus haute croissance de marché est les Etats-Unis. Le salaire moyen d’un tuteur le plus bas se trouve au Mexique, et il est de 3,26€ seulement.
Et qu'en est-il pour les pays qui ne figurent pas dans cette étude ?
Il est difficile d’obtenir des résultats similaires pour les pays ne faisant pas partie de cette étude. Le manque de données rend les comparaisons plus complexes, et il faudra certainement quelques années encore avant que ces données ne puissent être récoltées.
On note tout du moins la présence d’autres enjeux, comme l’accès aux nouvelles technologies possible pour tous qu’importe le sexe : les femmes seraient 12% moins nombreuses à utiliser internet dans le monde par rapport aux hommes, et ce chiffre a tendance à augmenter dans les régions en cours de développement.
Bien que ces points soient encore à travailler, on note tout de même que l’accès à l’apprentissage en ligne est pris en considération par un nombre de plus en plus important d’Etats, notamment au sein de l’Europe. Aujourd’hui, le travail est en marche, et cette étude intéressante nous aide à comprendre les critères en jeu dans l’accessibilité à l’e-learning pour tous.