Lorsqu’ils ne sont pas imposés par un enseignant, les groupes d’apprentissages se forment de façon informelle, notamment par affinité, par recommandation de pairs, ou encore pour des raisons pratiques telles que la proximité géographique du lieu d’habitation, la disponibilité, etc. Ainsi, les étudiants-es s’organisent individuellement donc selon leurs besoins, leurs habitudes, ainsi que l’étendue et la « qualité » de leur réseau personnel.
Nous avons observé deux situations que vivent les étudiants-es selon s’ils connaissent une personne ressource susceptible de les aider ou pas. Par ailleurs, un étudiant peut se trouver dans chacun des deux situations selon ses besoins et la richesse de son réseau.
Les réseaux sociaux
Les personnes qui ont la ou les personnes ressources dans leur réseau d’étudiants-es utiliseront des outils de communication divers pour se donner rendez-vous pour étudier en présentiel ou à distance, que cela soit en binôme ou en petits groupes. Ces outils comprennent notamment Facebook Messenger, What’s app, Skype ou des groupes peuvent être créés, et des photos, images et documents peuvent être partagés. Des outils de travail plus formels, comme des wikis ou Google Docs peuvent également être utilisés, mais ils sont considérés comme des outils qui facilitent le travail d’équipe et n’ont pas pour but direct de communiquer de façon générale. Pour entrer en contact avec des personnes ressources hors de leur réseau, les étudiants-es ont la possibilité de consulter et/ou de publier des annonces sur différentes plateformes, par exemple les réseaux sociaux comme Facebook, LinkedIn, des sites de petites annonces internes à leur université (associations d’étudiants-es, plateforme de communication) ou externes (Anibis, etc.). La plupart de ces moyens sont gratuits pour la consultation et la publication, cependant le mode de soutien est ponctuel et payant (engagement d’un répétiteur). Pour le public adulte en formation continue, il est probable que LinkedIn soit utilisé du fait de son positionnement dans le domaine professionnel. Dans le cadre de MOOCs, des forums peuvent être utilisés. Par ailleurs, certains MOOCs ont un forum et créent un groupe Facebook en parallèle, car Facebook est un environnement déjà connu et largement utilisé par tous, bien que Facebook soit plutôt pour une utilisation récréative.
Dans les trois cas présentés ci-dessus, il est difficile pour chaque apprenant d’identifier quelles seront les meilleures personnes ressources susceptibles de les aider. Dès lors, la proposition de valeur de BetterStudy répond bien à un besoin et BetterStudy a clairement sa place sur le marché. Néanmoins, bien que la proposition de valeur de BetterStudy soit considérablement plus grande que les méthodes utilisées actuellement, il sera nécessaire de faire changer les habitudes prises par les étudiants-es qui se sont toujours organisés par eux-mêmes pour trouver de l’aide, souvent au sein de leur réseau, avec des moyens de communication utilisés quotidiennement. Dès lors, compte tenu de leurs comportements actuels d’organisation et d’utilisation quotidienne de ces outils de communication avec une composante sociale forte, nous considérons ces outils comme une concurrence directe. En substance, notre concurrence directe est plus une « alternative » qu’une concurrence, car elle n’est pour le moment pas formalisée par des acteurs qui ont vocation à aider les étudiants-es à trouver des pairs. En revanche, les outils utilisés constituent intrinsèquement une concurrence. Nous avons tout de même identifié un acteur qui pourrait devenir un concurrent direct, à savoir LinkedIn.
En effet, en 2015, LinkedIn a acquis Lynda, un MOOC spécialisé dans le développement professionnel. LinkedIn entre donc sur le terrain de l’enseignement à distance, ce qui diversifie son champ d’action tout en restant dans son cœur de cible, à savoir le domaine professionnel où elle met en relation des professionnels. En effet, un développement d’affaires possible pour BetterStudy à terme serait d’utiliser les données collectées auprès des étudiants-es pour les matcher avec des employeurs. Cela nous ferait donc entrer en concurrence directe avec LinkedIn que nous considérons comme un concurrent très menaçant vu sa taille et ses moyens. Plus bas, nous verrons néanmoins que le positionnement de BetterStudy est significativement différent de celui de LinkedIn, ce qui nous laisse une marge de manœuvre puisque nous n’attaquerons pas frontalement LinkedIn. En revanche, l’avantage d’entrer sur le marché de LinkedIn est qu’à terme, lorsque notre base d’utilisateur sera suffisamment grande, nous pourrions envisager un exit avec une acquisition de BetterStudy par LinkedIn comme ce fût le cas pour Lynda.
Knewton
Créé en 2008 aux Etats-Unis, Kewton est une plateforme d’apprentissage adaptatif qui propose des quiz personnalisés. Comme BetterStudy, il base son modèle sur l’analyse de données (big data) et fait des suggestions de façon dynamique (adaptatif). Knewton compte 180 employés (Wikipedia, 2015). Leur équipe est composée de profils très pointus avec une expérience de son fondateur et CEO obtenue notamment chez Kaplan, une université nord-américaine qui délivre des diplômes presqu’entièrement en ligne. Outre le fait que BetterStudy ne fait pas dans le big data, la différence principale entre Knewton et BetterStudy réside en la stratégie d’apprentissage proposée. En effet, Knewton recommande des exercices en fonction des réponses données précédemment par l’apprenant (adaptive learning) où un apprenant travaille fondamentalement seul, ce qui est à l’opposé du modèle collaboratif et social de BetterStudy. Certes, BetterStudy se basera principalement sur les réponses des étudiants-es à des exercices, mais pour proposer des matching d’étudiants-es afin qu’ils collaborent sur des activités d’apprentissage en parallèle aux quiz en ligne. Par conséquent, du point de vue philosophique, une école ou un enseignant qui utiliserait Knewton pour ses élèves privilégieraient un travail individuel et n’utiliserait très probablement pas un service qui entre contradiction avec ce modèle. Pour ces raisons, nous considérons Knewton comme un concurrent indirect. Leur business model consiste à vendre leur plateforme aux écoles secondaires. Avec plus de USD 100 millions levés auprès de 5 venture capitalists, Knewton est partenaire de Cambridge University Press, Microsoft, Pearson, etc. pour capter du contenu et le développement technologique. Dans la même optique, Khan Academy propose en marge de ses vidéos, une plateforme de quiz adaptative. Outre le fait que le contenu n’est pas ciblé sur un plan d’étude en particulier, Khan Academy ne cherche pas à connecter des personnes. Au niveau de son business model, Khan Academy n’obtient aucun revenu de ses utilisateurs, mais est financé par des dons, notamment par la Fondation Bill et Melinda Gates et a des partenariats par exemple avec Google pour du développement gratuit. BetterStudy, à l’inverse de Knewton ou de Khan Academy, cherche à connecter des personnes pour créer la meilleure expérience d’apprentissage collaboratif en ligne ou hors ligne. BetterStudy se base sur des analyses de données pour favoriser les interactions sociales afin de maximiser les apprentissages par une approche collaborative. De plus, BetterStudy est dans sa configuration et son positionnement.
Edmodo
Edmodo est un réseau social éducatif fondé en 2008 aux Etats-Unis. La plateforme connecte les élèves entre eux, les parents et les professeurs pour les devoirs ou contenus à apprendre. Son positionnement est dirigé sur les enfants. C’est le « Facebook de l’éducation » avec un objectif de favoriser la collaboration entre élèves par cette application. L’espace est gratuit et prolonge en ligne la vie de classe. Edmodo a opté pour un modèle de revenus gratuit pour les élèves et les professeurs, mais payant pour les écoles à USD 2'500.- / an par école. L’utilisation de widgets est payante pour le web et les applications mobiles. Cette plateforme connaît une très forte croissance et compte plus de 51 millions de membres à juin 2015 (enseignant, élèves et parents), 90 employés pour 7 ans d’existence (moyenne de 7.3 millions d’inscrits par année) et a reçu le financement du fonds d’investissement Union Square Venture (Edmodo, 2015). Le but d’Edmodo est certes de connecter les élèves entre eux, mais cette startup américaine ne fait pas d’analyse de données qui vise à connecter certains élèves entre eux. L’outil a vocation à réunir des élèves qui se voient en classe et prolonger la vie de la classe avec des activités en ligne en lien avec des cours donnés en classe. De plus, leur positionnement est clairement axé sur les enfants, alors qu’avec BetterStudy, nous ciblons l’enseignement supérieur et la formation continue.