Les raisons d’absence du travail varient et elles peuvent aller de la grosse grippe à la dépression. Le résultat est qu’en France, pas moins du tiers des employés s’absentent pour cause de maladie au moins une fois par an.
La durée moyenne d’absentéisme est de 35.5 jours, mais indépendamment de la raison derrière l’absence, la façon dont chaque personne la vit varie d’un individu à un autre. La culpabilité frappe bon nombre d’entre eux au cours de leur repos forcé.
Ci-après les révélations à ce sujet de Catherine Troufléau, une psychologue du travail.
Le sentiment de culpabilité
Si certains s’absentent pour cause de maladie, d’autres, même en étant malades, préfèrent aller au bureau, alors qu’ils sont épuisés et proches de la crise des nerfs. Cela entraîne de la culpabilité. D’après la spécialiste, chaque individu a un rapport différent avec la culpabilité. Il est possible de distinguer entre deux profils d’employés à savoir le classique et le bon petit soldat.
En cas de maladie, le premier a l’aptitude de prendre du recul vis-à-vis de sa vie professionnelle pour se reposer. Et s’il opte pour le travail, le plus souvent, c’est lié à son pragmatisme pour ne pas avoir une surcharge de travail à son retour ou parce qu’il est un carriériste qui ne souhaite pas manquer une bonne opportunité d’évolution. Alors que pour le deuxième cas, c’est son sens de responsabilité vis-à-vis d’autrui qui le pousse à travailler durant sa maladie.
Il se sent redevable envers l’entreprise et ses collègues, mais ce sentiment est aiguisé par l’environnement professionnel qui est le principal catalyseur. En effet, le sentiment de culpabilité devient plus imminent dans un contexte très compétitif où il faut faire constamment preuve de performance et le salarié est souvent inconscient de la pression imposée par l’entreprise. Dans les structures qui exercent cette pression, le profil du bon petit soldat est celui qui assume le plus de travail, pour la simple raison qu’il fait mieux que ceux qui laissent traîner leurs tâches sans rechigner et sans que ceci pèse sur leur conscience.
Le choix de travailler malgré la maladie
De nombreux salariés préfèrent travailler en étant malades, qu’ils optent d’aller au bureau avec le risque de contaminer leurs collègues ou de s’occuper des différentes tâches depuis leurs lits de malades.
20% des arrêts maladie ne sont pas respectés, au moment où 39% de ceux n’ayant pas respecté le temps de repos le regrettent. Un tel constat se justifie par le manque de productivité et de qualité, sans oublier qu’il arrive que le temps de maladie se rallonge et qu’il y a plus de risques de rechute, sans oublier la baisse du moral.
D’après la psychologue du travail, Catherine Troufléau, nombreux sont ceux qui anticipent la reprise de l’activité professionnelle, notamment chez les personnes en dépression. Car elles ont tendance à remettre en question leurs compétences et aptitudes et elles ont un sentiment de faiblesse quasi permanent.
Elles ont l’impression qu’en s’absentant, elles laissent tomber leurs collègues. Malheureusement cette reprise anticipée se révèle une mauvaise idée. D’après la spécialiste, les personnes souffrant du burn out ou la dépression, sont comme les individus qui ont une jambe cassée, qui peut être guérie mais qui a besoin de rééducation afin d’éviter de la fragiliser à nouveau.
De telles maladies psychiques représentent un signal lancé au corps pour cause de surmenage. Dès lors, il faut savoir s’accorder un temps de repos afin de prévenir l’apparition de problèmes plus graves.
Qu’en est-il de l’aspect juridique ?
Le salarié a plein droit de profiter de son arrêt maladie et son employeur ne peut l'obliger à travailler pendant cette période. Ceci dit, il est très fréquent, surtout parmi les cadres, de ne pas transmettre l’arrêt à la sécurité sociale, dès lors celui-ci est réputé ne pas avoir existé.
En cas de transmission, il est impossible de reprendre le travail avant la fin du délai de repos. Autrement, le salarié risque de ne pas se faire indemniser par son assurance maladie, sauf s’il produit un certificat de retour anticipé fourni pas le médecin traitant.
D’un autre côté, une étude a révélé que 20% des salariés français estiment qu’il est admissible de prétendre la maladie alors que ce n’est pas le cas. Et ils déclarent qu’il est tout à fait acceptable de le faire cinq fois par an.
Ces arrêts de complaisance sont jugés de façon moins sévère chez les millenials à hauteur de 28%, que les générations qui les précèdent à raison de 15% pour la tranche d’âge allant de 40 à 65 ans.
Degré de compassion en fonction des maladies
Les employés reprenant après un arrêt maladie sont souvent sujets à des plaisanteries pas toujours innocentes et qui sont plus proches du jugement que de la compassion proprement dite.
Certaines maladies incitent à la compassion plus que d’autres, mais globalement les maladies physiques sont assez homogènes dans ce classement. Le cancer génère plus de compassion que l’hépatite, qui bat une jambe cassée. Cette dernière l’emporte sur un ulcère qui bat le gros rhume. Pour les maladies psychiques, la situation est plus délicate.
Certaines personnes expriment moins de compassion et de délicatesse vis-à-vis de leurs collègues souffrant de dépression par exemple, ce qui accentue le sentiment de culpabilité chez ces derniers.
Et c’est ce qui pousse cette catégorie de malades, souffrant d’un stress intense et de harcèlement, à reprendre le travail. Il leur est difficile de se reposer alors que leur maladie est souvent minimisée et moquée par leurs collègues, surtout qu’il est difficile de comparer ou d’évaluer une souffrance.
Soutien d’un collègue malade
Une personne malade a besoin de réconfort et pour apporter son soutien à un collègue souffrant, il faut commencer par lui prêter attention pour détecter les signes de fatigue et de maladie.
Il ne faut pas hésiter à lui proposer de rentrer chez lui pour prendre un peu de repos et se soigner. Une telle initiative va l’aider à déculpabiliser. Se reposer pendant quelques jours permet souvent de se sentir mieux et évite des arrêts maladie beaucoup plus longs.
Le support peut également se manifester à travers la proposition de lui venir en aide sans l’imposer pour autant. Il ne faut pas attendre quelque chose en retour pour lui avoir apporté assistance.
Dans le cas des maladies graves, il faut aviser les supérieurs hiérarchiques et les personnes ayant habilité, notamment le médecin ou le psychologue du travail qui lui assureront l’accompagnement nécessaire.
Si la personne malade refuse toute aide, il suffit de se limiter à l’aspect professionnel, en s’occupant de quelques petites tâches pour la soulager, sans subir pour autant la totalité du travail à faire. Si possible, lui éviter des réunions longues à des horaires indus, ceci peut se révéler plus utile.
Dans le cas où le malade accepte de l’aide, il faut surtout éviter de parler du travail comme évoquer un vieux dossier ou une surcharge des tâches causée par son arrêt. Il serait plus pertinent de trouver des solutions sans alourdir sa culpabilité et son angoisse du retour.
La perception d’un arrêt de travail dans la société occidentale est très négative, ce qui pousse plusieurs travailleurs à leurs limites alors que leurs corps et esprits ont besoin de repos. L’entreprise doit assumer sa responsabilité en apportant le soutien nécessaire et en préparant le collaborateur au départ et au retour suite à un arrêt maladie.
Il faut une collaboration étroite entre le département des ressources humaines et les spécialistes des maladies professionnelles ainsi que les managers. Le but est de détecter les problèmes et de soutenir les personnes malades à temps pour leur éviter des difficultés par la suite.