Christophe Rieder 15 oct. 2019 19:04:48

L’apprentissage : le succès du modèle suisse de la formation professionnelle

Formation professionnelle

La valorisation de la formation professionnelle en Suisse a facilité l'apprentissage des métiers pour les jeunes, grâce à l’alternance des cours théoriques, donné dans une école professionnelle, avec la pratique en entreprise. C'est devenu un modèle pour contrer le chômage, modèle qui séduit de plus en plus de pays.

Les performances économiques de la Suisse se traduisent par différentes manières, à travers notamment un taux de chômage à 2.1% en juin 2019 selon les chiffres de l'administration fédérale (taux de chômage d'environ 4 % au sens du BIT). ce qui est assez remarquable en comparaison internationale. Ceci est assimilable, en grande partie, au dispositif de la formation continue qui est du plus haut niveau et qui facilite l'intégration des jeunes diplômés sur le marché de l'emploi.

Non seulement, le taux de chômage est très bas, mais avec des niveaux de salaires généralement élevés, le pouvoir d'achat est important.

Le système éducatif suisse offre la possibilité aux jeunes en fin de leur scolarité obligatoire, de poursuivre leurs études "classique" ou de choisir une formation professionnelle. Celle-ci combine des cours théoriques et pratique dans les entreprises à raison de 3 à 4 jours par semaine. C'est ce qu'on appelle en Suisse faire un "apprentissage".

L'apprentissage mène généralement à un Certificat fédéral de capacité (CFC). L'apprentissage offre un cursus plus concret, ancré dans la pratique professionnelle, et complète les cours qui ont lieu à l'école. Des cours complémentaires peuvent aussi avoir lieu sur la place de travail ou dans un centre de formation dédié à la branche professionnelle. Par exemple, une formation de CFC d'employé(e) de commerce peut comporter une branche "administration publique" pour celles et ceux qui font leur apprentissage à l'Etat ou dans une collectivité publique (l'administration fédéral, un canton ou une commune) ou encore une branche "banque" ou "assurance", etc.

La durée de la formation alternée varie entre 2 à 4 ans et l'apprenti(e) perçoit un salaire de la part de l'entreprise. Après cette période et après avoir été évalué sur un recueil de compétences ciblés selon le métier choisi, il ou elle reçoit un certificat de fédéral de capacité ou une attestation fédérale de formation professionnelle (AFP), cette dernière étant une formation plus courte et un peu moins exigeante dans les compétences à développer.

À la fin de la formation, le ou la jeune a le choix d’intégrer le marché de l'emploi ou de poursuivre des études supérieures, soit en suivant un cursus menant à une maturité professionnelle dans la branche choisie qui permet d'entrer dans les Hautes écoles spécialisées (HES) suisses. Les HES proposent des cursus de bachelor et de master avec des crédits ECTS, donc reconnus en Suisse et dans l'Union européenne selon les accords de Bologne. Cette approche a fait ses preuves au cours des dernières années et plusieurs entrepreneur(e)s et chefs de PME ont suivi cette filière.

C'est le cas par exemple de Christophe Rieder, Fondateur et Directeur de BetterStudy Swiss Online Education - le leader suisse de la formation en ligne pour les métiers de la finance et la comptabilité (site de la société qui publie l'article que vous lisez actuellement).

Christophe Rieder est titulaire d'un Bachelor in Business Administration de la HEG-Genève (Haute école de gestion de Genève) et d'un Master HES in Business Administration, avec une orientation en entrepreneuriat. Il a fait une partie de ses études en Chine et aux Etats-Unis dans le cadre de son master. C'est donc des cursus avec beaucoup de possibilités d'échanges et d'expérience. C'est la en gestion d'entreprise que Christophe Rieder a choisi. Mais il a encore complété ensuite ses études professionnelles pour devenir enseignant, justement dans une école professionnelle, appelée école de commerce. Aujourd'hui, il enseigne à temps partiel et développer sa société.

Par ailleurs, ces formations professionnalisantes sont parfois suivies par des personnes un peu moins jeunes qui ont d'abord fait un début de cursus plus classique, ce qui fait qu'elle peuvent avoir pour certains cas 25 ans lorsqu'elles obtiennent leur CFC.

Les personnes qui détiennent un diplôme professionnel disposent d’opportunités plus importantes que les autres de trouver un travail rapidement. D'après le politicien suisse Rudolf Strahm, la personne qui a terminé un apprentissage est trois fois moins exposée au risque du chômage. Lui-même a débuté son parcours professionnel par un apprentissage de laborantin en chimie et confirme que les pays qui ont adopté la formation par alternance enregistrent des taux de chômage plus bas que les autres pays. C'est justement le cas de la Suisse, l'Allemagne, l'Autriche, les Pays-Bas et le Danemark.

Choisir l'apprentissage

Plusieurs jeunes suisses optent pour la dualité de la formation professionnelle. C'est justement le cas de Léa Graham qui a suivi une formation, lui permettant d'intégrer l'un des meilleurs restaurants du monde à savoir l'Hôtel de Ville à Crissier. Un établissement qui s’est trouvé à la tête du top 1000 des meilleurs restaurants du globe  en 2016, avant d'occuper la quatrième position l’année suivante. Léa, qui est âgée de 26 ans et qui est originaire du canton de Vaud, a précisé qu'elle a toujours souhaité travailler dans un restaurant. Or, à la fin de sa scolarité obligatoire sa famille l’a découragé de suivre cette voie pour l’inciter à s'inscrire au gymnase.

Après ses études au gymnase notamment dans la branche arts visuels, Léa a rejoint la Haute école d’art et
de design de Genève. Une fois elle a décroché son diplôme de bachelor, elle décide de concrétiser son rêve en suivant un apprentissage de cuisinière.

Dans son parcours de formation, la jeune vaudoise a changé à deux reprises de restaurant avant de
rejoindre l'école professionnelle de Montreux. Ce choix va lui permettre de travailler une fois par semaine au restaurant de l’Hôtel de Ville à Crissier. L'établissement a décidé de la recruter à la fin de sa formation. Il faut dire que Léa Graham est très dédiée dans son travail, ce qui lui a permis de décrocher le titre de la meilleure apprentie cuisinière du Vaud. Grâce à cet apprentissage, il a pu intégrer aisément la vie active surtout dans un domaine qui n'est pas des plus faciles.

L’intérêt croissant pour la formation professionnelle

Plusieurs pays s'intéressent à la formation professionnelle selon le modèle suisse. Ces pays estiment que ce type d'apprentissage présente une solution pratique pour combattre le chômage. Et c'est ce qui explique en partie la dernière visite d'Etat du président chinois Xi Jinping en Suisse. De son côté Jérôme Hügli, responsable de projet du secrétariat d’Etat à la formation, à la recherche et à l’innovation, souligne qu’il y a un nombre de plus en plus croissant de pays et d’acteurs internationaux qui visitent la Suisse pour se renseigner sur le dispositif de formation ou pour développer un partenariat dans ce domaine.

Le système d'apprentissage suisse englobe différents niveaux à commencer par le dialogue social, la culture de l'apprentissage et les trois niveaux du fédéralisme. Jérôme Hügli précise qu’il n'est guère possible de copier le modèle suisse pour l'appliquer dans une autre contrée, sans tenir compte des variables socio-économiques et culturelles qui sont très différentes. Ceci dit, il serait possible de s’en inspirer et d’adapter certains facteurs à la spécificité de chaque pays. La réussite d’un tel choix implique une analyse profonde et un engagement infaillible du pays partenaire d'entreprendre un processus qui s'inscrit dans la durée.

Il faut dire que dans un certain nombre de pays la formation professionnelle est perçue d'une mauvaise manière, par exemple la France. D’où la nécessité d'intervenir d’abord, auprès du public cible notamment les instituteurs, les jeunes, les parents et autres acteurs pour redonner une image attractive à ce type d'enseignement et de formation.

L'implication du secteur privé dans la formation professionnelle se révèle souvent une réelle problématique. D'un autre côté le gouvernement doit permettre au tissu économique d'avoir un plus grand impact sur la formation professionnelle. De leur côté, les entreprises et les différents acteurs économiques doivent percevoir l'apprentissage comme un élément profitable pour eux, ce qui peut garantir leur engagement dans ce sens. Certes, l'entreprise engage des ressources pour former et encadrer ses apprenti(e)s.

La première année de formation n'est a priori pas une opération rentable pour l'entreprise. En revanche, dès la deuxième et surtout la troisième année de formation, cela devient nettement plus intéressant pour l'entreprise, car ses apprenti(e)s accomplissent des tâches qu'un(e) employé(e) pourrait faire, mais à des salaires nettement plus avantageux. Autrement dit, il faut un travail complet de tous les acteurs pour agir sur différents aspects avec un engagement sur le long terme pour en tirer les bénéfices pour toutes les parties, tant les entreprises formatrices que les écoles professionnelles et bien entendu les apprenti(e)s qui constituent le futur du pays.

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Christophe Rieder

Titulaire d'un Master of Science HES-SO in Business Administration obtenu à HEG-Fribourg et du Diplôme fédéral d'Enseignant de la formation professionnelle, Christophe Rieder est le Fondateur et Directeur de l'institut de formation professionnelle en ligne BetterStudy. Christophe est aussi Maître d'enseignement en gestion d'entreprise à l'Ecole supérieure de commerce. Avant de se réorienter dans le domaine de la formation, Christophe a travaillé 4 ans dans la gestion de fortune à Genève. Pendant son temps libre, Christophe fait de la guitare et joue aux échecs, il aime aussi voyager.